1er avril 2020
Eh oui, ce n’est pas une farce, c’est le premier avril et tout le monde reste confiné dans son bocal. Voici une quinzaine de jours que le gouvernement a sorti le décret du 16 mars 2020 imposant la réglementation des déplacements. La diffusion rapide du coronavirus et sa virulence toujours meurtrière ne permettent pas de percevoir l’issue de la situation. La population reste donc calfeutrée dans ses logements, pour ceux qui en ont, et les villes et villages ressemblent à des zones fantômes. Personne dans les rues.
Les enfants n’ont plus école et restent faire les devoirs à la maison. Cloîtré dans son logement, chacun cherche une occupation pour surmonter l’épreuve.
Pour ceux qui veulent amortir leur canapé ou déjeuner accompagné des animateurs de télévision, la petite lucarne leur propose des jeux télévisés, dotés de cagnottes alléchantes, avec un public enthousiaste chauffé à blanc par des ambianceurs. Les marseillais s’invectivent en maillot de bain dans une villa de Floride avec piscine et les scénaristes rivalisent d’imagination pour créer des situations abracadabrantesques. Décalage énorme entre les restrictions imposées à la population et les images qu’on leur fournit pour amuser la galerie. Bien sûr, ces émissions ont été enregistrées quelques semaines auparavant, mais avec le souci de les actualiser à la date de programmation. Ainsi lors du jeu des 12 coups de midi, l’animateur évoque les anecdotes du 1er avril, alors que les spectateurs sont collés les uns aux autres sans respecter les règles de distanciation sociale. Le signal me semble un peu brouillé pour encourager le confinement en mélangeant les événements anticipés et la réalité vécue. Mais pour remplir les caisses des chaînes, la publicité emballe le tout avec des SUV qui roulent par groupe de 3 sur des routes devenues désertes. On vit une époque formidable, mais un peu surréaliste, voire hallucinante.
02 AVRIL 2020
Theodore Roosevelt, un porte-avions nucléaire immobilisé à Guam depuis le 28 mars,
porte avion nucléaire américain 
porte avion nucléaire américain
L’USS Theodore Roosevelt,porte-avions nucléaire américain est immobilisé à Guam depuis le 28 mars. 5000 personnes y sont confinées sans distanciation sociale, vivant jour et nuit les uns prés des autres; dortoirs et restaurants communs, salles de sport et de distractions collectives.
Le navire a fait escale à Da Nang au Vietnam en compagnie du USS Bunker Hill et y a reçu un accueil chaleureux selon son commandant.
Les marins ont été invités à participer à des échanges culturels et professionnels, des compétitions et réceptions. Quelques bordées ont animé les quartiers chauds de la ville.
Bref, des relations diplomatiques se sont nouées, et nos matafs ont peut être regretté l’époque où les boys arrosaient allègrement le pays au napalm et larguaient les bombes sur les villages alentours des camps retranchés des GIs.
Le Commandant du Théodore Roosevelt a finalement été démis de ses fonctions pour non professionnalisme. On est passé pas loin de la mutinerie.
03 AVRIL
Après une errance de plusieurs semaines et le refus de pays latino américains d’accueillir le navire de croisière ZAANDAM de la compagnie Carnival, la traversée du canal de Panama a pu être effectuée après tergiversations et l’accostage à Fort Lauderdale autorisée après opposition initiale du gouverneur de Floride, craignant un afflux de malades susceptibles d’épuiser les ressources médicales locales. Labrutignare lui a fait remarquer qu’il fallait aider les gens dans le pétrin, et que les passagers sont pour la plupart américains. Les autres étrangers majoritairement canadiens et brittaniques sans symptômes seront rapatriés par avion. 13 passagers sont gravement malades et 4 autres sont morts. La croisière ne rigole plus. Mais pourquoi ne pas transformer ces navires désormais inutiles pour le divertissement en navire hôpital? Cabines confortables pour malade et personnel hospitalier, grands espaces pour stocker et entreposer le matériel, structures de restauration de qualité. C’est une ville autonome et isolée des zones urbaines.
04 avril La guerre des masques
Ces masques qui n’étaient efficaces que pour les personnels soignants et ne devaient être portés que par les malades pour éviter la contagion font maintenant l’objet de convoitise pour les officines qui se les arrachent. Des commandes passées en bonne et due forme, déjà réglées changent de destinataires avec une augmentation appréciable du coût de la transaction. Le business n’est pas mort. Pour les pays qui n’ont pas les moyens ou plus timorés, il reste le marché de l’occasion et les yeux des malheureux pour pleurer.